Etude à mi-parcours du projet « Résilience et Cohésion Sociale des communautés transfrontalières du Liptako-Gourma (Burkina Faso, Mali, Niger)

Le projet « Résilience et Cohésion Sociale des communautés transfrontalières du Liptako-Gourma (Burkina Faso Mali, Niger), a pour objectif global « d’améliorer les conditions de vie, la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et face aux conflits et la cohésion sociale des populations vulnérables dans 13 communes de Liptako-Gourma » dont 5 au Burkina Faso, 3 au Mali et 5 au Niger. Sa mise en œuvre est assurée par un consortium composé de huit organisations nationales et internationales dont Save the Children (lead), CARE, DRC, CRUS, AREN RBM, Tassaght et Karkara. La durée du projet est de 5 ans et couvre la période 2020 à 2024.
Ce projet en est donc à sa deuxième année de mise en œuvre et, dans le dispositif de suivi-évaluation-apprentissage du projet, il est prévu une étude à mi-parcours (midline), axée sur le suivi des indicateurs de performance basée sur le cadre de mesure de performance du projet.
Pour mener à bien l’étude midline, le cabinet Ingénierie Internationale en Décentralisation et Développement local (2ID) a adopté une démarche méthodologique participative en quatre phases : (i) la phase préparatoire destinée à la réunion de cadrage de la mission avec le commanditaire, la revue documentaire, l’échantillonnage, la conception et la validation des outils de collecte de données ; (ii) la phase de collecte de données sur le terrain, faite de quatre (4) principales étapes : la mobilisation des ressources humaines, la formation des enquêteurs, la collecte des données et la supervision de la collecte des données ; (iii) la phase de traitement et analyse des données collectées et (iv) la phase de rapportage et restitution.
Cette démarche participative a permis d’obtenir les résultats suivants :
– Au regard de l’évolution positive des indicateurs du résultat 1, la mission estime que le projet est en bonne voie pour l’atteinte de ce résultat si cette évolution est maintenue. Néanmoins, au regard de la flambée des prix des denrées alimentaires, il serait nécessaire de continuer d’ajuster de façon régulière le montant du cash transfert au coût réel des denrées afin d’éviter l’adoption des stratégies d’adaptation alimentaire pouvant entraîner le recul des indicateurs y relatifs.
– La mission estime que le niveau d’évolution des indicateurs du résultat 2 à la midline est satisfaisant. L’accès aux services de santé, nutrition et de protection nécessite le suivi régulier des ASC, ASBC et mamans leaders afin de maintenir les connaissances et les pratiques de l’ANJE, l’EHA et la PFE au niveau des communautés bénéficiaires.
– Au niveau du résultat 3, l’IR3.4 « % de projets productifs rentables » n’a pas connu une évolution à la midline. En temps normal, cet indicateur ne peut connaître des changements que dans le moyen terme. Il est donc indiqué d’appuyer les différents acteurs impliqués à une gestion rationnelle (bonne gouvernance) de leur AGR.
– Au niveau du résultat 4, L’IR4.2. % de ces personnes qui considèrent que leur question/problème a été résolu a connu une Baisse pour le Burkina Faso au regard du faible nombre de personnes qui recourent aux autorités administratives et/ou judiciaires pour la résolution de leurs problèmes. Pour le Mali et le Niger, l’évolution est faible (moins de 15%) par rapport à la cible (40%).
– Au niveau du résultat 5, la poursuite des actions de renforcement de la collaboration (telles que les dialogues, le renforcement des mécanismes de recours, le renforcement des capacités des acteurs à l’utilisation de ces mécanismes) entre les différentes entités est nécessaire pour une amélioration de la cohésion sociale, de la prévention et de la gestion des conflits par les habitants des communes du projet.
– Par rapport aux indicateurs de l’objectif spécifique1, la mission estime que le niveau d’évolution des 6 indicateurs à mi-parcours est satisfaisant et est susceptible de renforcer les moyens d’existences des populations agricoles et pastorales en fin de mise en œuvre du projet si cette évolution ne connaît aucune baisse.
– Au niveau de l’objectif spécifique 2, l’évolution des indicateurs en lien avec la gestion des conflits et la cohésion sociale des populations vulnérables dans la zone du projet est faible. Cette faiblesse s’explique par la situation d’insécurité, d’éloignement des autorités, de départs des agents et à la fermeture des services dans certaines communes et l’absence des services techniques environnementaux et l’inaccessibilité à certaines ressources naturelles. Pour ce faire l’équipe de mise en œuvre du projet doit renforcer la sensibilisation à travers les entité/systèmes de représentation citoyenne identifiée et le fonctionnement des cadres de concertation sur la cohésion sociale et la paix.
– Le niveau d’atteinte des objectifs à mi-parcours est susceptible de contribuer à l’amélioration des conditions de vie, la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et face aux conflits et la cohésion sociale des populations vulnérables dans les régions les plus fragiles en fin de mise du projet. Des actions doivent être renforcées dans le domaine de la cohésion et paix afin de booster les indicateurs vers la contribution l’atteinte de l’objectif global.
Analyse du Modèle triple Nexus humanitaire-développement-paix : Au regard du contenu de ces paquets, l’on note avec satisfaction la pertinence de leur composition qui, sans être exhaustive, permettent de satisfaire aux besoins des populations des communes dans la construction de la résilience.
Théoriquement, la stratégie de mise en œuvre et l’approche multisectorielle adoptées par le projet sont suffisantes pour le renforcement de la résilience des ménages très pauvres et la consolidation de la cohésion sociale. Néanmoins, le contexte dû à la présence des HANI ne permet pas des avancées significatives. La stratégie de mise en œuvre participatives et multi-acteurs et l’approche multisectorielle adoptées permettent d’asseoir un modèle solide de triple nexus humanitaire-développement-paix en tenant compte du contexte fragile et volatile des zones d’intervention dans les trois pays.
Au terme de l’étude midline, l’équipe de consultants formulent les recommandations suivantes à l’endroit du consortium.
Recommandations par rapport au résultat 2 :
Au regard des résultats non constants sur la pratique de l’hygiène au niveau des femmes et des hommes, il serait adapter d’utiliser davantage les cadres de regroupement (GSAN/GASPA, les visites au CSI/CSPS/CS, école des maris, etc.) afin de renforcer les acquis.
Recommandations par rapport au résultat 3:
– Sensibilisation/formation des ménages agro-pasteurs et pasteurs sur la gestion du troupeau ;
Recommandations par rapport au résultat 5 :
– Au regard de la baisse des relations et de la confiance : inter / intra-communautaire, inter / intra religieuse, générationnelle, renforcer la sensibilisation à travers les entité/systèmes de représentation citoyenne et le fonctionnement des cadres de concertation sur la cohésion sociale et la paix.
– S’assurer que les alertes générées dans le cadre du système d’alerte précoce des conflits, à travers les organisations membres du RBM, sont traitées par les cadres de concertation et bénéficient de plans d’actions clairs suivis par les communautés elles-mêmes.
Recommandation par rapport à l’OS1
– Faire le suivi auprès des ménages bénéficiaires du cash pour s’assurer qu’ils destinent les fonds reçus à l’achat des aliments.